Enrique Vila-Matas est un voleur de noms. Dans une valise, il les transporte sur des chemins étranges, Europe, Afrique rêvées, au gré d'une fantaisie alerte et armée de lectures orientées dans le sens du plaisir et de la grâce. Qu'il ouvre sa valise, les noms s'échappent - Duchamp, Larbaud, Gomez de la Serna et cent autres -, minuscules incarnations d'une épopée de l'art gai, petites silhouettes qui marchent, valise à la main. Depuis le paradis des mythes, Tristram Shandy les protège - comme cette vierge espagnole, les saints rassemblés sous son manteau et qu'elle arrose de son lait - et fait fermer cette lignée souterraine société secrète de la poésie dangereuse.