Comment s'emparer de l'immense vent de folie qui aura traversé le vingtième siècle ? Peut-être en choisissant de s'arrêter sur un destin individuel, dont la tragédie solitaire accompagne les soubresauts d'un empire promis à l'éclatement : l'Union Soviétique. La vie de cet homme nommé Elias Almeida, le narrateur la croisera une première fois dans la forêt angolaise, où se joue une improbable révolution qui révélera bientôt sa face hideuse. Cette révolution dont Elias l'Africain sera le dévoué serviteur, et qui signifie pour lui, idéalement, la possibilité d'un amour entre les hommes, auquel il continue de croire orgueilleusement, par-delà les champs de ruines et de cendres, et jusqu'à l'enfer final de Mogadiscio, guidé par les gestes d'une femme, Anna, rencontrée un jour de désespoir à Moscou dans « la senteur amère de la neige », et poursuivie jusqu'en lisière des camps, où elle lui fait entrevoir la grandeur de ceux qui n'ont jamais renoncé à leur humanité.