LA COLLECTION " LES AFFRANCHIS " Kafka n'est pas encore écrivain lorsqu'il rédige sa fameuse Lettre au père avant de la ranger dans son tiroir. La lettre, qui ne parviendra jamais à son destinataire, était pourtant le seul et unique moyen, pour le jeune Kafka, de communiquer avec un homme qui le pétrifiait. En certaines occasions de la vie, seule une lettre peut permettre de dire les choses, de démêler les écheveaux d'incompréhension qui s'accumulent dans une relation. Mais passer à l'acte est difficile, risqué, pénible. C'est d'autant plus vrai aujourd'hui, puisque la correspondance est un exercice oublié : les volumineux échanges que pouvaient entretenir un Voltaire ou un Flaubert avec leur entourage n'auront pas d'équivalent dans la postérité. Il serait tout de même dommage que nos plus grands écrivains ne laissent pas dans leur oeuvre un témoignage de l'écriture épistolaire. Écrire une lettre, une seule, mais longue et dense, c'est donc la possibilité de tordre le cou à une vieille histoire et de s'en affranchir, mais aussi renouer avec une tradition littéraire et explorer la singularité de l'écriture à la deuxième personne. La collection " Les Affranchis " fait donc cette demande à ses auteurs : " Écrivez la lettre que vous n'avez jamais écrite. "